Rencontre Ambivalences
Le festival Scopitone 2021 fut l'occasion d'une rencontre organisée dans le cadre du cycle de conférences Ambivalences (créé par trois acteurs des arts numériques du Grand Ouest : Electroni[k], Stereolux et Oblique/s) dont l’objectif est d’explorer l’impact du développement technique sur nos sociétés, et en particulier l’ambivalence du numérique (et des arts numériques) dans leur rapport à l’environnement.
Plusieurs universitaires ont pu aborder cette question brûlante par des approches complémentaires. Alexandre Monnin a évoqué les travaux de Bruno Latour pour qui le grand enjeu de nos sociétés est d’apprendre à habiter la terre en lien avec le vivant. Mais le terrestre hérite des infrastructures techniques du monde contemporain (« technologies zombies » dont les traces perdurent même après l’arrêt de leur utilisation, comme les outils numériques, opposées aux « technologies vivantes », basées sur des matériaux renouvelables, recyclables…). Si la résilience fait appel aux propriétés du vivant pour aider les humains à s’adapter, elle ne touche pas aux causes qui ont menées à la catastrophe écologique et n’empêche pas la technologie zombie. Il ne faut pas tourner le dos à la technique, qui permet de comprendre le système terre, mais il est indispensable de la repolitiser, de la faire entrer dans le champ du débat démocratique, même si les enjeux se déploient dans le temps long, dans une échelle qui dépasse largement le temps politique classique.
Autre intervention marquante : celle de Clémence Seurat, responsable de la maison d’édition 369 avec Jérôme Delormas), à propos du forage de métaux en haute mer (deep sea mining), présenté par les entreprises (et souvent les Etats) comme plus respectueux de l’environnement que les activités minières terrestres, alors que son impact sur les écosystèmes risque d’être tout aussi dévastateur.
Marc Jahjah et Laurence Allard ont quant à eux tenté de montrer certains apports des perspectives queers et féministes dans l’étude des liens technologies-vivant, et notamment la remise en cause des catégories traditionnelles et de la conception des êtres (liens vivants-morts / cyborg…).
Maxence Alcalde s’est lui penché sur la question de la technocritique chez les artistes. Il a notamment décrit le travail de Laurent Tixador, dont l’approche, si elle ne revendique pas le terme, pourrait s’inscrire dans une démarche low tech.
Enfin l’artiste Elise Morin a décrit le processus de création de son œuvre Spring Odyssey exposée à Scopitone, qui l’a menée à créer des plantes réagissant à la radioactivité après une mutation génétique causée lors d’une exposition aux fortes radiations à proximité de la centrale de Tchernobyl.
La captation intégrale de la rencontre est en ligne ici.
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